A pre-emptive celebration of a critical optimism yet to comeAn Anthology of Optimism

A lecture performance by Pieter De Buysser and Jacob Wren
Produced by CAMPO , Linz Kulthauptstadt Europas 09, Brut Wien, KUNSTENFESTIVALDESARTS 09 and CAMP X KOPENHAGEN

 

 

 

Jury Theatertreffen 2010:

This juror would like to be more transparent with his selection and would like to make his nomination speech available for the public at large.

Begin transmission:

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As a member of this jury, my selection, hands down, is Pieter de Buysser and Jacob Wren’s “An Anthology of Optimism,” which promotes the healthiest, most fascinating approach to today’s world – namely, critical optimism – and which does so in a way that is neither obtrusively didactic nor pedantic. The lecture/performance was so tender, thoughtful and beautiful, that I can’t remember the last time I left the theater more aware, more inspired and more willing to question my own perceptions. Isn’t that what defines great art? Creating awe and yet establishing some orientation in/to the world?

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End transmission

Anthology of Optimism

 

Il mangeait des chiens et des lézards. Quand des gens approchaient, il s'accroupissait et se mettait à uriner d'abondance. Il survivait en volant des dents en or dans les morgues. Une fois par mois au moins, on lui jetait des glands ou des cailloux, en signe de commandement : il devait alors suivre l'homme ou la femme jusqu'à un endroit, derrière une maison en ruine, où des enfants venaient enterrer des chatons étranglés par leur père. Là, on lui disait ce qu'il devait faire et en échange, il recevait du pain, du vin, du fromage et quelques fruits. Sa mission consistait à dire du mal - le pire - de telle personne ou de telle situation. C'est à ça que servait le dernier optimiste : parce qu'on savait bien qu'après lui, l'optimisme n'était plus possible. C'était toujours des situations d'où se dégageaient des choses sombres et troubles : un virus contagieux dans le sang ou les ordinateurs, la réputation d'un puissant qui commençait à chanceler, la solidité de l'ouvrage d'un ingénieur qui était mise en doute, la valeur de l'argent… Le dernier optimiste ne diffusait que des rumeurs vraiment nuisibles et la situation devenait catastrophique. Pour inventer de telles médisances, il avait dans son sac plus d'un tour, détestable et efficace, que je ne révélerai pas ici pour ne donner d'idées à personne. Le résultat de ces affreuses médisances était toujours le même : le pessimisme montait comme un soufflé de mauvais fromage et anéantissait toute forme de commerce ou de conversation jusqu'à ce que tout s'écroule. Mais à ce moment, le dernier optimiste était loin, ses gratifications au fond de sa besace. Les obscénités et les malédictions les plus affreuses entraient alors en scène, et toute la communauté était en proie à toutes formes de déchéances atteignant les pires degrés de vilénie et d'infamie. Loin de tout ce vacarme, le dernier optimiste éclusait son vin et mâchonnait son pain, mission accomplie et salaire en bouche, éructant son pessimisme comme autant de termites fatales. Mais c'est le jour où même les malédictions les plus sombres pâlissent face aux ruines de l'autopessimisme qu'apparaissent les premières formes d'inventivité. Et prudemment, on se met à expérimenter, à créer de nouveaux modèles d'entretiens, à tester les négoces et les constructions, à faire place au premier optimisme critique. Fini, à ce moment, le salaire du dernier optimiste qui n'a plus qu'à mâcher des coquilles d'œufs dans les poubelles en chassant les chiens de son haleine fétide. Puis s'installe brièvement l'harmonie… jusqu'à ce qu'il reçoive à nouveau un gland sur la tête. Alors, il suit comme autrefois les gens à l'endroit où l'on enterre les chatons égorgés par les pères pour y recevoir sa nouvelle mission. Il a tôt fait de réveiller le pessimisme sommeillant, qui détruit tout sur son passage jusqu'à ce que de nouvelles formes d'optimisme se mettent à bourgeonner timidement. Et c'est ainsi qu'éternellement l'histoire se répète dans le cycle minuscule de l'humanité.

Mais ce que l'on dit aussi, c'est que le dernier optimiste est immortel. Certains prétendent l'expliquer parce qu'il n'est jamais né. Mais cela ne traduit qu'une interprétation allégorique de cette histoire. C'est aussi niais que prétendre que le mot rose doit avoir les caractéristiques physiques d'une jeune fille simplement parce qu'une idiote énamourée se console par une métaphore.

La seule chose que nous savons avec certitude, c'est qu'il a existé en tout temps : on le sait parce qu'on a trouvé un fragment du journal du dernier optimiste. On ne sait pas s'il doit encore l'écrire, s'il l'a déjà écrit ou s'il l'écrit pendant que je vous parle. Mais lisez plutôt…

Fragment du journal du dernier optimiste :

Je suis le dernier optimiste.

Après moi prendra fin la dialectique stupide, la polémique ping-pong de la balançoire optimisme-pessimisme. Fini, tout cela.

Je suis un mercenaire. Je livre sur commande, mais uniquement aux faibles. Aux petits commis de la morale. A ceux qui trouvent que le pessimisme est nécessaire, puis à ceux qui lui préfèrent l'optimisme. Je livre aux esclaves, aux drogués de leur propre humeur, aux camés de l'indignation, aux ivrognes de la responsabilité. Je n'ai personnellement aucune morale. Je rôde du début à la fin. Solitaire, je ne connais ni le bonheur ni le malheur. J'ignore la loi, la terre, les commandements.

Je porte en moi la splendeur et la misère de la ville et de l'humanité.

Je perçois l'énigme de tout ce qui est et celle de tout ce qui n'est pas. Je suis l'intelligence. Je suis celui qui est. Je suis l'unique. Le seul. Je distribue les masques. Je n'ai pas mon pareil. Même pas moi.”

Voilà le moment venu de contribuer à cette anthologie par un hommage à un des patriarches des subversivités éclairées : Voltaire. Il y a exactement 250 ans que Voltaire a écrit “Candide ou l’optimisme”. Il s’en est pris, toutes brides abatttues, au régime de son époque : l’optimisme. Puisque le régime de notre temps est le pessimisme, je reprends son histoire. La première différence: moi je serai bref, parce que je pense quand même qu’il y a encore pas mal de progrès à faire.

La deuxième différence, l’histoire s’intitule à present : “Acide ou le pessimisme”.

Avant de commencer, pour rafraîchir la mémoire : Candide est l’histoire d’un jeune homme idéaliste qui grandit dans l’environnement fabuleux d’une cour et donc dans les meilleures conditions. Son maître, Pangloss, lui apprend que nous vivons tous en réalité dans le meilleur des mondes. Après de nombreuses escapades au cours desquelles il est capturé, battu et trahi, Candide revient chez lui. Ses idéaux de l’évolution brisés, sa confiance en morceaux, son amour violé, son imagination fanée et son sens de responsabilité encore la profondeur d’un cendrier. L’histoire se termine lorsque  Candide, autrefois crédule et entrepreneur mais à present meurtri, donne le coup de pied de l’âne aux optimistes et aux explorateurs : “il faut cultiver son jardin”

Et maintenant, passons à l’histoire d’ “Acide ou le pessimisme”.

Acide grandit dans une ville de fiente où tout est crotte.

Son maître lui apprend: “Acide, tout est crottin dans le plus crotté des mondes de crotte.”

Maudit par des circonstances maculées, Acide quitte sa ville de miel afin de découvrir le reste du monde.

Après de nombreuses aventures merveilleuses au cours desquelles, pour la première fois, il connaît une indigence encore plus abjecte, il découvre la douleur et la terreur des autres personnes vivant dans ce monde le plus chié des mondes chiasses, et il se lance dans une démarche toute autre. Son imagination élevée, son intelligence aiguisée, son sens de responsabilité grand comme un océan, il a perdu à jamais le luxe de se sentir de la merde. S’essuyant le nez, ce même nez dans lequel il peut également insérer un bouton d’or, ou qui pourrait servir comme piste d’envol à une hirondelle, il prononce sa dernière phrase, le coup d’envoi pour toutes les moues boudeuses et les timorés : “il faut cultiver son chemin.”

 

La presse Française

"La boîte à sorties" : "à la boîte à sortie, nous disons oui!" ..."On sort de là plus intelligent et avec le sourire" - lisez l'article.

L'avis des spectateurs au Billetreduc.com (note globale de 4 étoiles)

"Un excellent moment de jubilation fine et brillante que l'on savoure bien au delà de la fin de la représentation." Laure Dasinières, NFT - lisez l'article

Belgian press

Le Soir, "Fini le théâtre neurasthenique... un de nos coups de coeur de cette édition du Kunstenfestival... Si on ne sort pas plus optimiste de cette Anthologie, on en sort repu, ravi, les neurones aussi stimulés que les zygomatiques."
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La Libre Belgique "... Entre conférence et performance - avec les slides de rigueur et une cérémonie du thé frisant l’acrobatie -, "An Anthology of Optimism" questionne le présent et l’histoire, sonde nos vies et va jusqu’à nous accrocher le cœur : réflexion et émotion superposées."
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Interview  De Standaard

An article by Ines Minten

Austrian press

Kronen Zeitung und Kurier: "Eine wundersame Performance..." "Ein in seiner destilliert unmissionarischen Herangehensweise bewegendes Theater der Zuversischt, das rundum nur lächelnde Menschen hinterlassen hat und in seiner soziokulturellen Wirkung höchste Effektivität verspricht."

Corpus, internet magazine für Tanz, Choreografie, Performance: "...Sie tun das frivol, verspielt, leicht und fast angriffslustig - kaum je reißt das Lachen des Publikums ab – und der Eindruck verdichtet sich, dass sie die Rolle des Künstlers als Clown, Risikomanager und Entrepreneur sowie die Hilfslosigkeit des Theaters vor dem Hintergrund des Selbstinszenierungsparadigmas in unserer Gesellschaft vorführen. Weiters die Aneignung des Künstlerbildes durch Politik und Wirtschaft und die Frage, was bietet die Kunst der westlichen Gesellschaft und was die Gesellschaft der Kunst."
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Der Standard "Optimismus, ein Vergnügen.... Satirisch verhandelt werden sowohl Gemeinplätze als auch das hehre Streben nach der besten aller Weten. De Buysser glänzt hier mit einer Persiflage auf Voltaires Candide, in der Protagonist Acide "in der Scheissigsten aller Scheisswelten" aufwächst, und geradezu zum Optimisten werden muss. Die vergnügliche Umkehr gelingt. Mit Witz eingesetzte Elemente bereichern zudem den Abend...Subtiler Ernst schwingt jedoch stets mit und prägt auch das Ende, mit Beispielen eines kritischen Optimismus in Aktion..."
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Diverse

A swedish blog by Daniel Andersson,
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The British Theatre Guide: "Wren and De Buysser hit the proverbial nail on the head"
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A spanish blog: "En definitiva, un montaje inclasificable, sincero, alejado del paroxismo y con dosis de humor universal por lo evidente..."
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Maybe the best text written on the performance till so far, by Catalina García García-Herreros, in spanish :

"...La ficción del discurso político — la teatralidad del discurso político — queda subrayada en un contexto en el que se ha desactivado la convención ficcional del espacio escénico hasta convertirlo en un espacio de adoctrinamiento ficticio. Teatro-mundi contemporáneo: el teatro es una plataforma de doctrinas, las plataformas de doctrinas son teatros. Es posible que estos hombres sean unos genios. Y, si es así, no quiero privarme del gusto de, habiendo re-pensado mi disgusto, quitarme, delante de ellos, el sombrero. O estoy siendo demasiado optimista?"

Catalina García García-Herreros
Salamanca, martes 9 de junio de 2009
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